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11 novembre 2011 5 11 /11 /novembre /2011 11:11
     
michel-j-01     Cet article est très spécial : Il est l'oeuvre d'un passionné ayant comme pseudo : " M. J.". Comme moi, il est fou de châteaux, aussi bien d'époque médiévale que renaissance. C'est aussi un passionné d'architecture et d'art. Il m'a proposé d'écrire quelques articles sur mon modeste blog.

     J'ai évidemment accepté. J'adore échanger sur les châteaux forts et l'histoire. Je suis fier de l'avoir dans ce "bateau" qui navigue à travers le temps !

   Cet article est en complément du château du Marais

 

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La vie mouvementée d'un grand commis de l'Etat

 

 

    A cheval sur les XVIIIe et XIXe siècles, Talleyrand, prince issu d’une lignée aristocratique remontant au IXe siècle reste un des plus étonnants grands commis de l’histoire de France.

   Affligé, dès sa naissance, d’une claudication dont il fera le meilleur usage, un peu le mal aimé de sa famille, notamment de sa mère qui le propulsera contre son gré dans les ordres, Charles Maurice de Talleyrand demeurera, pendant toute son existence un nostalgique de l’Ancien Régime.

     Après son passage forcé au collège d’Harcourt puis au Séminaire, il obtient d’être nommé évêque d’Autun en 1788. A ce titre, il fait ses premiers pas dans la vie publique en siégeant l’année suivante aux Etats généraux. Mais il tourne rapidement le dos à sa carrière religieuse en envoyant sa démission d’évêque de Saône et Loire en 1791.

Certes, il est chargé en 1792 d’une mission diplomatique à Londres, mais devenu suspect aux yeux de la Convention et mis ouvertement en accusation par celle-ci, il prendra le parti de rester prudemment en Grande Bretagne en attendant que la tempête de la Terreur se calme, élargissant même la distance entre sa personne et les terroristes en s’embarquant pour les Etats-Unis.

    Ce faisant, il sauve sa tête, mais pas ses biens vendus aux enchères publiques en mars 1795.

      Nous sommes à l'été 1795. La tête de Robespierre est tombée depuis plus d’un an. Le plus gros de la tempête est passé et la Convention vient de rédiger une énième constitution plaçant à la tête de l’exécutif de la République un Directoire de cinq membres.

     Le moment est-il venu pour Talleyrand de regagner la France? Les contacts qu’il a su maintenir l’y incitent. Par prudence, il écrit cependant à une vieille amie, Germaine, Mme de Staël : "Faîtes démener l’abbé Desrenaudes" recommande-t-il. Et celui-ci se "démène" effectivement brillamment : Le 4 septembre 1795, la Convention rapporte le décret d’accusation lancé contre lui et l’autorise à regagner la France.

     Ce n’est cependant que fin juillet 1796 que le bateau qui ramène Talleyrand en Europe accoste dans le port de Hambourg…et que, le 25 septembre, le Courrier Républicain annonce l’arrivée à Paris de "Monsieur de Talleyrand-Périgord, ci-devant évêque d’Autun et émigré privilégié" On est loin d’un retour triomphal. Tout reste à faire pour "l’émigré privilégié" qui débarque dans la capitale avec 100 000 de nos euros pour tout pécule.

     Dans ce Paris, affranchi de la tyrannie pour tomber dans la frivolité et la luxure du Directoire, l’homme fort est Barras, chef de l’exécutif, ancien pourvoyeur de la guillotine reconverti dans les intrigues et trucages politiques en tous genres.

C’est, de nouveau, à l’incontournable Madame de Staël que Talleyrand a recours pour faire son retour dans les affaires de l’Etat : "Dans les circonstances importantes, il faut faire marcher les femmes". Et c’est ce qu’il a l’habileté de faire en plaidant son impécuniosité et son désespoir : "Ma chère enfant, si vous ne trouvez pas un moyen de me créer une position convenable, je me brûlerai la cervelle". Difficile d’être plus direct.

     Les femmes adorent ce genre de défi, et Germaine de Staël jaillit de son salon de la rue du Bac pour aller faire le siège de Barras au palais du Luxembourg.

    Le moment est propice. Le ministre des Relations extérieures, Charles Delacroix, polarise sur sa personne des critiques de toutes parts et se trouve de surcroît affecté par une monstrueuse tumeur (de 32 livres !) au niveau du bas ventre qui lui donne l’aspect peu représentatif d’une femme enceinte.

     Auprès du Directoire, l’opiniâtre Germaine use de tous les registres : l’éloge de son protégé, la persuasion, les larmes et jusqu’à l’évanouissement simulé. Barras reste de marbre, tout du moins en apparence puisque finalement il convie Talleyrand à un dîner en tête à tête à Suresnes…et tombe sous le charme de son interlocuteur.

    La décision de renvoyer Delacroix et de confier les Affaires étrangères à Talleyrand ne tient plus qu’à l’aval des autres Directeurs. Ceux-ci se réunissent le 17 juillet 1797. Carnot se déchaîne contre cette idée et Barras doit user de toute sa rouerie pour enlever la décision par trois voix contre deux.

     Non content d’avoir éjecté le malheureux Charles Delacroix du bureau de Vergennes, Talleyrand se paie le luxe d’engrosser la femme de celui-ci. Le 26 avril 1798, Madame Delacroix met au monde un fils que l’on prénomme Eugène, celui-la même qui allait devenir le maître de la peinture romantique du 19e siècle.

 

charles-maurice-de-talleyrand    Si Talleyrand ne s’est jamais flatté de cette naissance, le tout Paris ne lui en a jamais contesté la paternité. Il y a, à tout le moins, une certitude : le père ne pouvait, en aucun cas, être le pauvre Charles Delacroix, alors que celui-ci était, sept mois plus tôt, entre les mains d'un chirurgien pour l'ablation de cette tumeur mal placée.

    Ce que chacun savait (hormis Charles Delacroix) c’est que l’indélicat Talleyrand entretenait des relations intimes avec Madame Delacroix. Par grandeur d’âme, ou pour simplifier ses relations sentimentales, Talleyrand avait eu la galanterie d’éloigner le mari importun en le nommant ministre plénipotentiaire auprès de la République Batave à La Haye.

    Certains auteurs en tireront la conclusion lapidaire que Talleyrand fut, à tout le moins, l’auteur de deux chefs d’œuvre : l’un non signé, Eugène Delacroix ; l’autre l’est par contre: il s’agit de l’aboutissement heureux du congrès de Vienne.

 

Le Consulat et l'Empire ne pourront pas davantage se passer des talents de Talleyrand

       De fait, après avoir aidé Bonaparte dans sa préparation du coup d'Etat du 18 brumaire, le premier consul ne pouvait pas manquer de le reconduire dans ses fonctions et, devenu empereur, Napoléon pas davantage.

  Celui-ci lui réserve même tous les égards en le nommant grand chambellan en 1804, et le faisant, prince de Bénévent, deux ans plus tard.

      C'est lui qui négocie les traités de Presbourg et de Tilsit.

  C'est lui encore qui reçoit dans son château de Valençais les princes espagnols déchus après la difficile campagne d'Espagne de 1808.

    Cependant, les ambitions sans limite de l'empereur l'inquiètent déjà. Talleyrand est tout à la fois visionnaire et manœuvrier. En bonne place pour prendre le pouls de l'Europe et ménager ses propres intérêts. Rester un recours, en quelque sorte, et en tirer un bénéfice personnel.

     Ce double jeu n'échappe pas à l'empereur qui lui retire sa fonction de grand chambellan en 1809. Une décision sur laquelle Napoléon reviendra en 1813, en lui proposant de reprendre sa fonction aux Relations extérieures. Talleyrand juge vite la situation irrattrapable après la désastreuse campagne de Russie et refuse.

 

      Il a vu juste et la Restauration va se servir de cet incontournable grand commis pour sauver ce qui peut l'être.

Ne s'est-il pas toujours montré royaliste ?

   Ce détour au service du Consulat et de l'Empire correspondait davantage à sa soif de pouvoir qu'à une véritable adhésion.

     Louis XVIII ne s'y trompe pas en lui rendant son poste de ministre et en lui confiant les intérêts de la France au congrès de Vienne. Une réussite. L'intégrité territoriale de la France est préservée.

Ses rapports seront cependant plus difficiles avec Charles X. Les ultra n'apprécient guère Talleyrand. Il lui faut de nouveau attendre son heure.

     Elle sonnera en 1830, quand il se déclarera en faveur de la maison d'Orléans.

  Mais à 76 ans, sa carrière ministérielle est maintenant derrière lui. Il finit celle-ci comme ambassadeur à Londres de 1830 à 1834.

 

    Quatre ans plus tard, il est à l'agonie, et le roi Louis-Philippe vient lui rendre en hommage une visite d'adieu le 17 mai 1838, le jour même de son décès.

 

 

 

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commentaires

P
T oujours nom de Talleyrand-Périgord<br /> A eu sur moi grand’emprise. Il est fort<br /> L oin dans les temps anciens quand j’encontrais<br /> L es aïeux de ce Prince.* Les aimais,<br /> E t je ne saurais trop dire pourquoi.<br /> Y est leur contrée pour beaucoup, je crois,<br /> R égion que j’affectionne, le savez.<br /> A ussi, les Périgord étaient lignée<br /> N ourissant pour fleur de lys sentiments<br /> D es plus francs, contre les Anglois, s’entend…**<br /> <br /> P our sûr, Hélie mieux que Charles ai connu.***<br /> E st-il né dans une époque révolue,<br /> R iche, pour moi, d’Histoire qui me plait.<br /> I l est vrai que du second pourtant j’ai<br /> G rand nombre de volumes de mémoires.<br /> O r, n’ai-je eu temps de lire ces grimoires !****<br /> R egret est donc qu’aujourd’hui je ne puis<br /> D e ce grand Prince donner mon avis…<br /> <br /> * dans mes grimoires, bien sûr ! Notamment un Hélie de Périgord qui tint tête à Richard Cœur de Lion… Bon, il ne s’appelait pas « de Talleyrand-Périgord » à l’époque, mais ce doit être un ancêtre du Prince de Talleyrand, d’après ce qui se dit.<br /> ** donc : pendant la guerre de Cent Ans, ou plutôt de 300 ans…<br /> *** notamment cet Hélie de Périgord encontré pendant la guerre de 300 Ans.<br /> **** acquis il y a peu. Donnés, en fait, sinon ils allaient à la poubelle… quel gâchis ç’aurait été ! Et puis, ce nom m’attire, comme je l’ai dit, et même si je ne le connais pas trop, ce Prince de Talleyrand ne m’est pas inconnu bien sûr ! Aussi, j’apprendrai encore en lisant ses mémoires… bien que l’époque dont il parlera est loin d’être ma préférée !
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L
* J'ai trouvé l'article de messire M.J. intéressant, simple et complet.<br /> * Même si ce personnage n'est pas médiéval, son aura a marqué l'Histoire (avec un Grand H) de notre Royaume.<br /> * Messire M.J. m'a permis de mettre un touche différente dans mon blog... un peu de vent frais dns ma poussière de ruine.