2000 ans de tradition funéraire
Résumé :
Parmi plusieurs mausolées de la voie des Alpes, entre Isère et montagne, un édifice pourvu d’une crypte funéraire dallée garnie d’une banquette, d’une niche et d’une ou deux fenestellae, est certainement vers 400 la memoria de l’un des premiers évêques. Le corps saint suscite le regroupement de nombreuses sépultures, formae et sarcophages.
Une église cruciforme à bras triconques superposés s’enracine sur cette memoria : Elle semble être la basilique épiscopale qu’en présence de la cour burgonde Avit de Vienne consacre, d’après ses Homiliae, en 516. Vers 600, elle sera voûtée et richement décorée. Durant tout le haut Moyen-Âge, Saint-Laurent sera la plus importante des églises funéraires suburbaines (les autres étant Saint-Antoine, Saint-Sixte et Saint-Ferréol).
Une contre-église remplace vers 800 la memoria dont elle conserve les cryptes. Ce pôle occidental est lié par une nef rectangulaire à un classique chœur orienté sur transept, dont le bras oriental de l’église précédente forme une des cryptes.
Prieuré de Saint-Chaffre en 1012, l’église devient paroissiale d’un faubourg que ses murs protègent, renforcés au XIVe siècle par divers dispositifs militaires. Avec un clocher-porche, ses décors romans, son cloître et son cimetière, elle évoluera ensuite plus banalement jusqu’à la Révolution qui met fin au prieuré. Viendront ensuite la découverte de Saint-Oyand par Champollion-Figeac et les restaurations sous l’égide de Mérimée.
L’étude diachronique souligne l’importance des pratiques funéraires et du culte des saints dans le christianisme gaulois ainsi que la manière dont se concilient les dispositifs architecturaux locaux et des pratiques et liturgies en perpétuelle transformation. »
Présentation de l'auteur :
Archéologue renommée, docteur de l’université Aix-Marseille en archéologie, histoire et civilisations de l’Antiquité et du Moyen Âge, Renée Colardelle a dirigé les recherches menées sur le site de Saint-Laurent de 1978 à 1998. Directrice du Musée archéologique de Grenoble Saint-Laurent jusqu’en 2011, elle est aujourd’hui conservatrice en chef honoraire du patrimoine.
Note Personnelle :
J'ai eu la chance de rencontrer Renée Colardelle (au cour d'une visite commentée). C'est une femme petite en taille mais immense en dynamisme, avec des yeux qui s'illuminent lorsqu'elle parle d'archéologie, avec un sens pédagogique au point que nous sommes tous archéologues à son contact.
Lui poser des questions fut, pour votre humble Chevalier, un moment inoubliable, non pas à cause de mes banales interrogations mais à la qualité de ses réponses.
Merci Madame Colardelle.