Département : 48 - LOZÈRE
Le bourg :
Situation : (--> le voir sur une carte)
La commune de Prévenchères est située à 45km au Nord-Nord-Ouest d'Alès, à 35km au Nord-Est de Florac (voir son château) et à 25km à l'Ouest de Joyeuse (voir son château).
Coordonnées du bourg fortifié :
44° 28' 40" N | 03° 56' 02" E |
44.477843° | 3.933830° |
Les fortifications :
L'extérieur :
Est ce le bon endroit ?
* Après avoir visité le château de Luc proche de Langogne, je me dirige vers le Sud en direction de Villefort.
* Soudain, au loin apparaît une haute construction.
* Mes poils se hérissent, mes yeux brillent..... Je pressens que ce site est d'origine médiévale.
La situation est parfaite
* Après avoir laissé mon destrier sur un herbeux parking, j'avance presque religieusement vers ce bourg fortifié.
* Le site se trouve sur un plateau protégé :
- Au Nord, par le Chassezac.
- Au Sud et à l'Est par des escarpements.
* Même si vous n'appréciez pas les constructions médiévales, le panorama est si beau que ce castrum est incontournable.
* Pour mieux comprendre mon errance, je vous donne le plan de ce site fortifié unique.
Les pierres sèches... le restent
* Un mur de pierres, aux dimensions inégales et pauvrement jointées, me barre la route.
* Certes il n'est pas très haut et ne montre plus de système défensif, mais je me dois, non point de le sauter ni de l'attaquer, mais de le contourner pour trouver l'entrée.
Avez vous vu sa base posée sur le rocher ?
L'intérieur :
Touriste médiéval (et renaissance) je suis
* Dans ce castrum touristique, j'erre dans les ruelles pavées avec mon chapeau de paille.
* Les pierres posées il y a plus de 8 siècles gardent les traces des réparations, des consolidations mais aussi des gravures d’événements ou de personnalités.
* L'église Saint Michel, (patron des Chevaliers-Pariers, "responsables" du site fortifié) qui n'est point fortifiée, fait partie des bâtiments à déguster tant par ses détails sobres :
- Le portail d’entrée avec ses trois moulures en plein cintre.
- La petite fenêtre Romane apportant la lumière du soleil couchant.
- Le clocher-mur à deux arcades.
- Une nef de deux travées, terminée par une abside pentagonale.
- Une voûte en berceau soutenu par un arc double saillant.
- Une chapelle latérale s'ouvrant sur la première travée nord de la nef.
* Mon errance touristique est un peu malmenée lorsque je vois cet angle avec des pierres en encorbellement puis le léger fruit à la base.
Dois je maintenant ôter mon chapeau de paille puis
chausser mon heaume de castellologue amateur ?
Hooo perché !
* Ma promenade entre ombre et lumière m’amène vers une maison possédant.... une construction en encorbellement.
* Que voila belles latrines à l'odeur très... heu.... je ne vous en dirai pas plus.
Je suis transporté !
* J'avance dans la découverte quand soudain, je me heurte à un haut mur.
* Ce "manque" de pierres dans la paroi me semble être... heu... un "tuyau" pour des latrines (puisque je pense être à l'extérieur d'un bâtiment).
* Puis, plus loin, une jolie pierre de remploi m'informe que la paroi a souvent été réparée.
Le château :
L'extérieur :
Toujours vivant !
* Ma promenade médiévale m’amène au Nord-Est du bourg, face à un mur défensif.
* Sur la paroi je vois..... un trou. Cet orifice avec un important ébrasement est pour une arme à poudre (fusil).
Conclusion : Le site castral était toujours habité et défensif, au moins au 16ème siècle.
Un mur ayant vécu
* Cette jolie paroi jaunâtre dans le ciel bleu est le mur du château.
* Le plan m'informe que derrière, je devrais voir le logis.
* Mes poils se hérissent de bonheur.
Comment sont les vôtres ?
* Sans prêter attention à l’arrachement dans l'angle, je le contourne.
L'intérieur :
L’habitat... mais vraiment tas
* Je suis si pressé de voir les vestiges du logis et des communs que je ne fais pas de halte devant le système défensif du mur Sud-Est.
Quelle magnifique ruine !
* La partie gauche est "facilement" identifiable.
* En bas, la salle possédant cette imposante cheminée devait être la cuisine.
* Au dessus, je pressens que pièce fut la aula, salle principale de réception, d'accueil des visiteurs et de repas.
* Au centre et sur la droite, je vois... heu...
.... Des murs non identifiables.
- Aucune fente défensive, alors que le mur de droite est coté extérieur.
- Aucune fenêtre.
- Aucune cheminée.
- Seuls des arrachements permettent de définir les dimensions théoriques des salles.
* Je pressens que des reconstructions/consolidations ont un peu gommé l'histoire architecturale du lieu.
Spéléologie.... ou presque
* Sur le devant des ruines du logis apparaissent des salles souterraines.
* Je doute qu'elles furent vraiment en sous-sol. Les multiples murs des étages s'étant effondrés, le niveau du sol s'est élevé par les gravas.
* Un escalier en colimaçon m'emporte vers l'enfer.
* Ce niveau est composé de salles voûtées à l'éclairage diffus.
* Je pressens que ce furent les réserves, les magasins..... et peut être une "cellule" pour des prisonniers aux délits mineurs.
La tour, prends garde... j'arrive !
* Presque au centre de la terrasse verte, le long du mur castral, apparaît une haute tour.
* Cette construction carrée mesure plus de 18 mètres de haut et se termine par une plateforme avec mâchicoulis.
* Sa fonction fut une tour de guet mais les archéologues supposent qu'elle aurait pu servir de donjon de repli.
* La tour comprend :
- Un ratier (salle basse) uniquement accessible par un trou d'homme depuis le premier niveau (cette salle est aujourd'hui condamnée à la visite).
- Un premier niveau comportant l'entrée (rappel : Le sol d'origine était plus bas). Il est éclairé par une petite ouverture située sur la façade Nord-Est.
- Le deuxième niveau est éclairé par une petite ouverture sur la même façade que l'entrée (coté Sud-Est).
- Le troisième niveau, accessible uniquement par un trou d'homme, est lumineux car il comporte une grande ouverture ayant eu la fonction de bretèche (voir vocabulaire).
- Après avoir monté l'escalier moderne (à l'emplacement de l'ancien), je découvre la plateforme (qui était certainement couverte depuis le Moyen Âge). Le panorama est magnifique.
* Hélas, je dois de suite redescendre, car je suis attaqué par des envahisseurs très spéciaux. Une nuée d'insectes piqueurs me "dévorent".
Le diaporama du bourg et château est ici - clic
Histoire du bourg fortifié et du château :
* En 843, le traité de Verdun divise l'empire Carolingien, établi par Louis Ier le Pieux, en 3 territoires. Pour se déplacer entre la Méditerranée et le Puy en Velay sur le territoire de Charles II le Chauve, un axe de circulation est créé passant par les Cévennes. Il est nommée : Chemin de Régordane.
* Au 12ème siècle, sur ce long chemin, pour protéger les voyageurs, commerçants et les pèlerins vers Saint Gilles, dans sa partie la plus déserte, l'évêque de Mende et Bernard d'Anduze décident l'implantation d'un castrum. Il est nommé : La Garde. Ce site est entouré d'un rempart et possède un château ainsi qu'une tour de guet et de repli (un donjon ?). Ce castrum est possession de plusieurs co-seigneurs nommés : Les Chevaliers Pariers (signifiant égaux). Leur charge était d'entretenir le site et de sécuriser la route.
* Au 13ème siècle, construction de l'église. Elle dépend de l'évêché de Mende.
* En 1269, un différend (porté en justice) sur la "territorialité" et les droits oppose l’évêque de Mende au Roi de France Philippe IV le Bel.
* Vers 1298, le castrum porte le nom de La Garde Guérin (certainement en hommage à Guérin du Tournel, un des représentants de la puissante famille possesseur d'une des Baronnies (voir titre de noblesse) du Gévaudan).
* En 1307, sans qu'un jugement ait été établi, le différent entre l’évêque de Mende (Guillaume Durant II) et le Roi de France est résolu par un traité de paréage. Cela signifie entre autre que le Roi bénéficie d'une "présence" à La Garde Guérin.
* Au 14ème siècle, début de la Guerre de Cent Ans.
* Vers 1362, les Anglais attaquent le castrum puis le brûlent.
* Au 15ème siècle, une statue de Saint-Michel (patron de la paroisse) est donnée à l'église.
* A la fin du 15ème siècle, le castrum renaît de ses cendres.
* Au 16ème siècle, durant les Guerres de Religion, ce site occupé par les Catholiques est attaqué puis brûlé par les Huguenots.
* A la fin du 16ème siècle, la petite cité est reconstruite, de nombreuses maisons sont à nouveaux habitées. Un logis "seigneurial" est construit au pied de la tour de guet sur la demande de ses nouveaux propriétaires : La famille Molette de Morangiès.
* En 1722, un incendie ravage la petite cité. Le logis "seigneurial" est entièrement détruit.
* En 1795, une des tours du château s'effondre.
* En 1928, l'église est classée aux Monuments Historiques.
* En 1929, les ruines du château sont classées aux Monuments Historiques.
* En 1981, une association de sauvegarde est créée. Elle participe aussi à l'animation estivale.
* Au 21ème siècle, la découverte du site très touristique est libre et gratuite. La visite de l'intérieur de la tour est possible gratuitement, mais il faut être souple et mince car le trou d'homme pour accéder à l'étage est d’origine.
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